MOUNIC  Sophie

Jeudi 16 novembre 2000.

 

LE JAPON ENTRE CONTINENT ET OCEAN

           

              Le sujet éminemment géographique invite à s’interroger quant au rôle de la position et des caractéristiques géographiques (archipel exigu, morcelé, exempt de ressources naturelles) du Japon dans son histoire récente et notamment dans sa politique extérieure. Le caractère insulaire du  Japon est en effet essentiel au regard de sa relation au monde : le Japon constitue une avancée de l’Asie dans le Pacifique et est donc à la fois tourné vers le continent ( l’Eurasie) dans son axe occidental et l’océan (le Pacifique) dans son ouverture orientale. Archipel composé de 6852 îles, à l’extrémité orientale de l’Asie, le Japon est resté à l’écart du monde jusqu’au XIX° siècle. C’est à partir de l’ère Meiji (1868-1912) qu’il s’ouvre sur l’extérieur, cherchant par une politique expansionniste à limiter sa dépendance en ressources naturelles. ll en résulte un processus impérialiste précoce dont la visée principale est la Chine. Après la Première Guerre mondiale ,au cours de laquelle le Japon s’est renforcé en Chine et dans le Pacifique, l’expansion nipponne semble prendre une forme plus pacifique mais du fait de la crise de 1929, qui ferme de nombreux marchés au commerce japonais, les militaires accèdent au pouvoir et les thèses impérialistes triomphent jusqu’à l’effondrement de 1945 qui marque le coup d’arrêt d’un expansionnisme militaire mais aussi sa renaissance sous une forme nouvelle, à savoir économique .

En un siècle le Japon s’est donc affirmé dans le monde par deux montées en puissance exceptionnelles ; l’une surtout militaire, l’autre exclusivement économique. La défaite de 1945 les sépare. Le contraste est alors impressionnant entre la conquête territoriale  du premier XX°siècle  et l’expansion commerciale et financière du second . Comment le Japon passe-t-il alors de l’isolement à une situation de puissance impérialiste ? Pourquoi toujours l’expansion et souvent le succès ? La politique extérieure du Japon est-elle mue par des constantes géographiques, politiques et géostratégiques ? Ou n’est-il  pas plus réaliste d’y voir l’effet d’adaptations successives quoique inégalement réussies du même Japon à un environnement international marqué par des ruptures ?

 

 

I-1895-1922, LES PREMIERS PAS DE L’ EXPANSIONNISME NIPPON : UNE POLITIQUE CONTINENTALE.

Le statu quo, l’absence d’expansion étant au Japon l’objet d’un rejet unanime, l’accroissement de la puissance sous sa forme territoriale surtout et l’exploitation des situations internationales favorables ont constitué dès l’origine le programme génétique du Japon ouvert sur le monde .

 

1°-AUX ORIGINES DE L’ IMPERIALISME NIPPON : VOLONTE DE PUISSANCE ET DE SECURITE .

 

Le Japon fonde son impérialisme sur des images et des projets d’expansion et de puissance continentale ;L’exceptionnel développement qu’il connaît sous l’ère Meiji mais aussi les insuffisances de son territoire le poussent à mettre en oeuvre des moyens d’expansion essentiellement militaires.

Au milieu du XX°siècle, le Japon était encore un petit pays arriéré, isolé  à l’extrémité de l’Eurasie que la plupart des occidentaux ignoraient car dépourvu de ressources intéressantes, trop morcelé par les montagnes et la mer, il n’avait pas assez de valeurs économique et stratégique pour être colonisé. Le Japon n’entre véritablement sur la scène internationale qu’à la fin du XIX °siècle, ce qui correspond a l’ère Meiji (1868-1912) (ère éclairée) .

L’émergence  de l’impérialisme nippon date en effet de l’ère Meiji . La modernisation du Japon s’est traduite à cette époque par un essor industriel remarquable associé à la formation d’une armée moderne . La modernisation économique fut extrêmement rapide, grâce à l’envoi notamment de nombreuses missions en Europe et en Amérique afin de s’informer de toutes les techniques occidentales. Mais les traditions de l’honneur guerrier et de l’aristocratie japonaise et de sa clairvoyance stratégique firent que la modernisation accélérée du Japon fût décidée de façon que celui-ci pût s’opposer à l’hégémonie européenne, en tirant parti de ses contradictions (Anglais contre Russes) pour se procurer des armes  les plus modernes, puis en se mettant à leur fabrication. L’industrialisation du Japon fut donc dirigée par l’association de l’aristocratie militaire et des grands marchands qui devinrent une grande bourgeoisie industrielle capitaliste . Le développement économique renforça progressivement l’armée Japonaise qui entreprit la conquête de nouveaux marchés et de nouvelles sources de matières premières.

Cependant ,si l’impérialisme Nippon témoigne d’une volonté de puissance, de compter sur la scène internationale, c’est aussi un impérialisme sécuritaire qui s’exerce sur une aire géographique plus restreinte. En effet, l’ ère Meiji oriente sa politique de modernisation vers la recherche d’une sécurité absolue, en identifiant paradoxalement sécurité et expansion. A l’instar de la Russie d’après guerre, le Japon recherche la protection d’un  glacis insulaire et péninsulaire contigu à la métropole.

Concernant les idées et le moyens de l’expansion, différentes doctrines ont été développées et invoquées.

Doctrine coloniale : Idée de mi-sionisme  Japonais . Cette “mission “ du Japon est double : s’intègre pleinement des grandes puissances et joue un rôle décisif en Asie Extrême orientale. C’est une politique de régénérescence de l’Asie. L’impérialisme Nippon se veut un impérialisme doté d’une dimension culturelle hostile à l’ Occident. (concept de panasiatisme qui repose sur le rejet du monde imposé à l’Asie par les impérialismes étrangers). Il est question non pas de nier l’impérialisme mais de le sublimer en le différenciant de l’impérialisme occidental.

La doctrine  militaire est aussi essentielle pour comprendre l’aspect sécuritaire de l’impérialisme Nippon. La doctrine élaborée par la marine et l’armée comporte à la fois la désignation des ennemis hypothétiques, la définition dans les rapports de force avec les pays étrangers ainsi visés de seuils critiques au dessous desquels la sécurité de la nation n’est plus assurée.

Les voies de l’expansion. Les intérêts, les images et les doctrines s’additionnent et prouvent surtout l’omniprésence de l’idée d’expansion. Dans ce désordre pourtant s’élaborent des conceptions qui mettent l’accent sur une seule direction géographique.

CF carte 1.

On distingue les partisans d’une avance vers le nord”(Hokushinron). le “Nord” est entièrement continental : au delà de la Corée et du sud de la Mandchourie, déjà occupés, il ouvre une part considérable quoique indéterminée, de la Mongolie, soit une large zone qui dans la masse de l’Asie s’intercale  entre la Chine traditionnelle et la Sibérie. Les territoires sont revendiqués comme prolongement naturel du Japon.

L’idée que l’expansion du Japon devrait s’orienter vers le sud est aussi ancienne (“poussée vers le sud” Nanshinron) mais n’ayant pas tiré bénéfice de la guerre russo-japonaise, elle est faite de rêves plus que de réalités. il s’agit des “mers du sud” situées au delà des îles japonaises les plus méridionales, donc du pacifique central et des archipels de la Micronésie. Le “sud”est plus une voie d’expansion au sens strict du terme que le nord, dont la conquête se veut plus sécuritaire.

Il existe une troisième voie d’expansion : l’est, celle tournée vers le pacifique et l’occident. Expansion essentiellement maritime.

 

2°- LES GUERRES DE 1895 ET DE 1905 AMORCENT L’ EXPANSION CONTINENTALE DU JAPON.

 

Ni les moyens limités dont dispose le Japon, ni la structure des relations internationales ne lui permettent de déployer ses efforts dans toutes les directions simultanément. L’expansion exige des choix ou tout du moins une définition des priorités. faute de ressources naturelles  propres, e Japon tente de s’en procurer par la force en envoyant ses troupes dans les pays voisins.

CF carte 2.

Le Japon dont les ressources en matières premières sont notoirement insuffisantes convoite depuis longtemps les richesses de la Chine. ‘Le Japon privilégie don là, la première voie d’expansion. cf supra). L’armée Japonaise devenue la première de l’Extrême orient, ne tardera pas à faire ses preuves. En effet lors de la première guerre  Sino-Japonaise (1894-1895),les Japonais furent partout vainqueurs. Par le traité de Shimonoseki (1895) les Japonais imposent à la Chine l’indépendance de la Corée(ce qui revient à la  placer sous influence nippone)et la cession de Formose (Taiwan), des Iles pescadores, de la péninsule du Liasdong et de Port Arthur. Le Japon étend en outre, son empire économique sur la Mandchourie et contraint la Chine à lui verser une lourde indemnité de guerre.

Cette guerre accéléra également le processus de partage économique de la Chine (break up of China) :les occidentaux reçoivent pour 99 ans, la libre exploitation économique de larges parcelles du territoire chinois. Mais l’intervention dans l’été 1900, des puissances occidentales ‘France, Allemagne, Russie) força le Japon à restituer à la Chine la presqu’île du Lia-Toung ; celle-ci passa en  1898 à la Russie, qui y installa l’importante base de Port Arthur .

La situation ainsi crée est fragile et rend probable un affrontement entre Russes et Japonais(du fait de la mainmise de la Russie sur la Mandchourie et son influence croissante en Corée devaient amener un nouveau conflit).

 

,Le Japon puissance  maritime #puissance continentale.

Frustré de la perte d’une partie de ses conquêtes de 1894, le Japon se préparait à la revanche. Il s’assura de la neutralité de l’Angleterre (1902) et, dans la nuit du 8 au 9 février 1904, sans déclaration de guerre, la flotte Japonaise torpilla sept bâtiments Russes dans la rade de Port Arthur. Cette guerre se traduisit par une nouvelle victoire du Japon : après avoir envahi la Mandchourie et attaqué Port Arthur,(1904) les Japonais prennent Markden (mars 1905) . En avril 1905, la victoire navale Japonaise de Tsushima brisa les espoirs Russes. Le  traité de Portsmouth (septembre 1905) met fin à la guerre et consacre la victoire du Japon. Victorieux sur terre et sur mer il obtient de la Russie d’importantes concessions territoriales :sur la moitié méridionale  de Sakhalini, la pleine souveraineté ; en Corée, état indépendant, la liberté d’action ; dans le sud de la Mandchourie, terre chinoise le transfert des droits pour une durée limitée sur un espace d’environ 3760 km².(les Russes doivent céder la branche  Mandchoure du Transsibérien).

Aussi en 1905, l’empire colonial  japonais est à la fois considérablement agrandi et implanté sur le continent. Sur mer, la destruction des escadres Russes place le Japon dans une position hégémonique en Extrême Orient . Mais surtout, la défaite retentissante qu’inflige le Japon à l’immense empire Russe, marquant ainsi la première victoire d’un peuple Asiatique sur un peuple Européen a un énorme impact psychologique en Asie et dans le monde. C’est une année diplomatique décisive dans la mesure où pour le Japon après la guerre  russo-japonaise, les dilemmes de puissance sont le moteur de l’histoire. Michel  VIE, écrit ainsi : “ Pour le Japon le XX° siècle commence en 1905”.

 

3°- LA PREMIERE GUERRE MONDIALE PROFITE AU JAPON QUI CONSOLIDE SON EXPANSION.

 

CF carte 5

Pour le Japon, la situation en extrême Orient autorise seulement une politique de consolidation. Coup sur coup la révolution chinoise, la première guerre mondiale surtout et la révolution russe causent des lézardes à cet édifice puis provoquent son effondrement. Chacun de ses évènements majeurs par sa genèse et sa temporalité se situe pour une large part hors de l’influence du Japon. Mais leurs effets en Extrême Orient sont convergents. La Chine entre dans une période de guerres civiles et de divisions prolongées. Au morcellement qui s’impose en Chine, s’ajoute de 1914 à 1918 , l’effacement au moins temporaire des puissances absorbées par la guerre qu’elles se livrent en Europe ce qui crée un vide profitable pour le Japon. A partit de novembre 1917, la révolution prive pendant quelques années la Russie de son rayonnement international et de son unité. Au nord de la Chine le vide s’accentue et la Sibérie orientale est ouverte . Le Japon se trouve ainsi, de façon largement imprévue devant les chances d’expansion qui dépassent ses rêves les plus audacieux. L’absence d’intervention militaire dans la révolution Chinoise en 1911-1912, l’envoi de 12 août 1914 d’un corps expéditionnaire en Sibérie orientale procèdent uniformément du désir de ne pas laisser passer des chances jugées miraculeuses et de volonté non arrêtées de fuir les risques majeurs. La volonté d’expansion du Japon ne connaît pas de pause .

Ainsi en 1914, le Japon allié de la Grande Bretagne dès 1902, déclare la guerre à l’Allemagne afin d’obtenir l’appui de la France  et de la Grande Bretagne dans ses revendications en extrême Orient. En 1915, le Japon présente à la Chine le mémorandum des”21 demandes” qui vise à imposer  un véritable protectorat japonais sur la Chine.

En 1919, le Japon est au rang des vainqueurs. Un accord international , conclu le 30 avril 1919, dans le cadre de la conférence de la paix, lui confie les possessions et les intérêts allemands en Chine’ ainsi le Schandong ). Bien plus, la SDN fait du Japon une puissance mandataire chargée d’exercer la souveraineté sur certaines anciennes colonies allemandes du Pacifique (ainsi les îles Bismarck et Mariannes) qui ne présentent pas un grand intérêt économique mais offrent de remarquables bases stratégiques. Enfin le Japon profite de l’anarchie qui suit la révolution russe pour engager des opérations militaires en Mandchourie, ce qui renforce encore sa position dans la région (Vladivostok ne sera évacué par les Japonais qu’en octobre 1922). Notons que  pour les Chinois, ces décisions des alliés  paraissent d’autant plus injustes que la Chine était elle aussi  entrée en guerre contre l’Allemagne. Lors de le conférence de la paix,les délégués chinois tentent de s’opposer à l’accord du 30 avril . Mais en vain : Wilson, pourtant chantre du droit des nationalités en Europe, cède au Japon qui menace de boycotter la SDN.

 

II-1922-1945, DES HESITATIONS DU JAPON A LA VOLONTE “KAMIKAZE DE CONTROLER OCEAN ET CONTINENT “: L’HYBRISS DE LA PUISSANCE.

 

Aussi le Japon profitant d’évènements extérieurs consolide son expansion continentale. Cependant, cette expansion commençait à inquiéter les Etats-Unis qui ne voulaient pas que le marché chinois fût monopolisé par le commerce nippon. De plus, l’instabilité qui se répand peu à peu et la périphérie de l’ Empire Japonais, sans être initialement dirigée contre lui, comporte aussi des risques.

 

1°-LES HESITATIONS JAPONAISES : COÛT D’ ARRÊT DE L’EXPANSIONNISME AU RENOUVEAU ?  (1922-1931) .

 

A ses débuts, la première guerre mondiale s’annonce comme une chance prodigieuse mais brève dont l’exploitation doit être rapide et par conséquent hasardeuse. La guerre dépasse en intensité et en durée toutes les prévisions nipponnes et lorsqu’elle prend fin, le Japon découvre à la fois la vigueur du sentiment national en Chine et le renforcement du défi Américain qui cette fois s’impose sous la forme  plus élaborée de la nouvelle diplomatie .

 

Raisonnement pas fonction que l’environnement immédiat du Japon ne se place dans une perspective plus mondiale, plus globale.

 

1919-1922 : politique de recentrage,, c’est à dire qu’un recul militaire et politique en Asie centrale s’impose si le Japon veut  éviter l’isolement diplomatique. Aucun des dirigeants japonais n’a pu douter que la Première Guerre mondiale  aurait une fin et qu’un choc en retour se produirait en Extrême Orient auquel il faudrait s’adapter. Mais ils n’avaient pu concevoir ni l’ampleur des changements survenus dans le monde ni la somme des contraintes qui allaient peser sur leur politique d’expansion. de 1919 à 1921, l’environnement international proche ou lointain dans sa totalité devient défavorable dans le Pacifique, dans l’Empire continental en Sibérie  ainsi que dans l’ensemble du système diplomatique dont le Japon trouvait sa légitimité.

Des progrès  japonais finissent par provoquer l’inquiétude des Américains surtout après 1920 et le changement de majorité aux  U.S.A (républicains) . Lors de la conférence de Washington (janvier février 1922) ,le Japon est contraint de concéder un double  recul.

Dans le cadre d’un accord général de désarmement naval il doit accepter une notable diminution du tonnage de sa flotte de guerre dans les proportions de trois contre cinq pour les EU et la GB.

  La conférence rétablit également la Chine dans sa complète souveraineté et le Japon  doit restituer les territoires et concessions qui lui avaient été confiés en avril 1919 (comme le Schandong) et  abandonner ses avantages en Mandchourie. En mars 1922, le Japon renonce officiellement au “21 demandes” de 1919. En outre le traité  d’alliance anglo-japonais est dénoncé. Enfin la conférence marque de la politique de partage économique de la Chine (“porte ouverte”) au bénéfice des Occidentaux. L’extrême Orient devient alors un espace bloqué. Rivales, les grandes puissances s’observent, associées, elles concluent des accords bilatéraux. Leur confrontation est évitée, leur concurrence codifiée par la doctrine de “porte ouverte “qui vise à protéger la souveraineté de la Chine contre l’action isolée des états impérialistes, mais la soumet en fait à leur emprise collective.

 Mais ce cadre de limitation de la puissance japonaise ne tient que jusqu’en 1931.

Quoique le Japon se soit résigné, à des abandons de territoires que sous la contrainte de dures réalités, la politique de recentrage n’est pas une capitulation. Les traités de Washington sont un pari sur l’avenir. Dérivés d’une philosophie optimiste, ils contiennent une promesse d’expansion pacifique par le commerce et l’émigration. Rattachés par l’esprit qui les sous-entend à l’Europe de Versailles et à la S.D.N, ils offrent la légitimité d’un cadre planétaire dans lequel le Japon voit confirmer son statut de grande puissance et sa prépondérance en Asie orientale.

le système de Waschington se révèle inefficace  et plusieurs facteurs notamment économiques entraînent plutôt qu’un coup d’arrêt un renouveau de l’expansionnisme.

L’après guerre est très difficile au Japon. En particulier la crise économique de 1920-1921 y est spectaculaire, conséquence du retour des Occidentaux sur les marchés asiatiques après 1919.

Pour comprendre l’évolution de la crise politique japonaise, il convient de garder en tête l’ampleur de sa mutation économique et démographique : 49 millions d’habitants en 1911, 70 millions en 1937. Les campagnes , dès les années 1920, sont peuplées et l’économie japonaise compte deux millions de chômeurs en 1925. Comment absorber une telle pression démographique , L’émigration vers les E.U est devenue impossible( une loi américaine de 1924 interdit l’immigration japonaise) de même que l’expansion en Extrême Orient depuis 1922. La seule solution réside dans la poursuite de l’industrialisation du pays. Or, cette industrialisation suppose la maîtrise des approvisionnements en matières premières dont l’archipel nippon est totalement dépourvu et le contrôle de marchés susceptibles d’écouler les produits japonais. L’expansionnisme  apparaîtra rapidement aux yeux des nationalistes japonais, comme la solution la plus commode. La crise économique de 1929 frappe                de nouveau de plein fouet le  Japon : les cours des produits comme le riz ou la soie s’effondrent alors que les marchés indiens et chinois sous le coup de la vague générale de protectionnisme, de referment. Cette situation économique et sociale dramatique précipite l’évolution politique et le recours à une solution impérialiste. La construction du gouvernement Tanaka en 1927, marque le premier pas vers un expansionnisme plus agressif. En 1931, l’armée contrôle le pouvoir. Le japon entre dans une économie de guerre.

 

2°- L ‘EXPANSIONNISME  NIPPON  A L’ ECHELLE DE L’ EXTRÊME ORIENT.

Retour à la politique extérieure centrée ou l’environnement géographique immédiat.

En attendant un environnement international plus favorable à une expansion hégémonique, le Japon concentre sa politique extérieure sur la Chine.

1931-1936 : La conquête de la Mandchourie.

En septembre 1931, le Japon envahit la Mandchourie. En effet, à la suite d’incidents provoqués  les troupes japonaises occupent Moukden (18 septembre 1931) et bientôt toute la Mandchourie qui devient en 1932 le Mandchoukuc, état “ indépendant sous protectorat japonais”. L’impuissance de la S.D.N. qui ne prend que des ambitions morales permet au Japon, assuré de son impunité de poursuivre ses ambitions impérialistes en Mandchourie  en s’appuyant sur un pseudo mouvement indépendantiste mandchou mis en place par ses soins. Les Japonais placent à la tête de cet Etat fantoche, Pou Yi le”dernier empereur de Chine”. L’autre preuve de cette attitude  guerrière est l’isolement diplomatique du Japon. Ayant quitté la SDN en mars 1933 puis répudié les traités de Washington (notamment l’accord naval), le Japon semble manifester un mépris de principe envers les engagements internationaux. A partir de 1931, les Japonais mènent en effet en Chine une politique de “grignotage” territorial.

1937-1940 : la conquête de la Chine.

En juillet 1937,exploitant un incident mineur, le Japon entre en guerre contre la Chine. Le Japon occupe Pékin (août 1937) et met surtout la main sur la “Chine utile” (le nord, la basse vallée du Yangzi-fiang, Nankin, Han-keai, les grands ports. Schanghai tombe en novembre 1937, Canton un an plus tard). La guerre est particulièrement sanglante et féroce . En 1939, les Japonais sont maîtres de la Chine et ils y installent à Nankin un gouvernement japonais. Les Américains en pleine vague isolationniste ont renoncé à intervenir. Seule l’U.R.S.S. maintient sa vigilance  et , à l’été 1939, des violents combats opposent les troupes japonaises et soviétiques au nord de la Mongolie . Toute fois après la signature du pacte Germano-soviétique, Staline change de position et en avril 1941, il signe avec le Japon  un traité de non-agression qui sera respecté de part et d’autre jusqu’en août 1945 ce qui évitera au Japon d’avoir à combattre sur deux fronts.

Mais la Chine n’est que le prélude d’une conquête hégémonique. La Chine en effet n’est pas l’unique objet de la politique extérieure du Japon. Même essentielle elle n’est que parie d’un tout et s’inscrit dans un projet plus global qui consiste à lier indissolublement la simple survie de leur nation à sa capacité d’expansion, sa sécurité à la construction d’une position hégémonique en Asie. Aussi les Japonais hostiles globalement au statu quo en Asie, privilégient-ils une nouvelle voie d’expansion vers le sud, donc vers les territoires coloniaux du sud-est quand en mai et juin 1940, trois des principales métropoles ( la France, les Pays bas et la GB) perdent la possibilité de défendre efficacement ces positions lointaines . Pourquoi une expansion au sud? Parce qu’au nord les frontières de l’empire continental du Japon, jouxtées uniformément par la souveraineté massive de l’U.R.S.S ne laissent aucun espoir d’expansion. Tout au contraire , l’Asie du sud est offre une juxtaposition d’aires géographiques et de souverainetés assez variées pour se prêter à une avance sélective tenant compte des inégalités d’obstacles et d’intérêts. La question des approvisionnements en matières premières va dans le même sens.  Outre le pétrole, le sud peut procurer le caoutchouc et l’étain. C’est l’idée de la création d’une sphère de co-prospérité  de la grande Asie orientale “ (énoncée en juillet 1940).

 

3°- 1940-1945 : L’ APOGEE ET LA CHUTE DE L’EMPIRE JAPONAIS.                                                         

Le Japon tente de mettre à profit la seconde guerre mondiale pour se constituer un empire outre mer. En effet, constatant que les Anglais et les Russes  seraient sans doute obligés d’intervenir, pour éviter l’écrasement de la Grande Bretagne, le commandement militaire estima et illusoirement que l’armée américaine sans grande expérience militaire ne pouvait guère s’opposer à une offensive d’effondrement de l’empire japonais.

Il s’agit pour le Japon en juin 1941 d’exploiter la guerre en évitant à la fois la soumission au statu quo et un engagement irréversible. Ni en guerre ni vraiment neutre, il signe avec l’Allemagne le pacte anti-Komintern en novembre 1936, le Japon n’a aucune influence hors de l’Asie. Sa volonté d’exploiter sans trop de risques, le conflit mondial confirme sa marginalité. (pas de coordination militaire avec l’Allemagne).

A partir de 1940, le Japon se lance ainsi dans une entreprise de domination de l’Asie qui dépasse le cadre chinois. Dès l’été 1940, il place sous son contrôle l’Indochine française théoriquement laissée sous l’administration de Vichy. En outre le Siam fait déjà figure d’état vassal. Pour mettre un frein à cette expansion, le gouvernement de Washington entreprit de provoquer, à longue échéance, une asphyxie de l’économie japonaise ; mais la dénonciation des traités de commerce de 1911et l’embargo mis par Roosevelt sur les livraisons de pétrole au Japon n’eurent d’autre  résultat que de fortifier le parti de la guerre.

en décembre 1941, l’armée japonaise tente le véritable coup de poker de Pearl Harbor... le 7 décembre 1941, l’attaque surprise, sans déclaration de guerre de la base américaine de Pearl harbor (Hawaï) déclenche l’invasion de toute l’Asie du Sud est. Les japonais qui ont détruit une partie de la flotte américaine du Pacifique possèdent désormais la maîtrise de la mer. Les premiers mois de 1942voient ainsi l’apogée de la puissance japonaise.

CF carte 4

Sont alors conquis les Indes néerlendaises, les philipinnes, (possession américaine), Singapour ( le pilier de l’empire britannique en Extrême orient) et la Malaise (Britannique). La conquête de la Birmanie (mai 1942)permet aux Japonais à la fois de menacer les Indes et de couper aux alliés la route de la Chine, tandis -que  l’invasion de la Nouvelle Guinée les autorise à menacer l’Australie. Pour justifier ses conquêtes , le Japon développe la thèse de la “sphère de co-prospérité asiatique “Il présente son expansion en Extrême Orient comme une entreprise anti-coloniale  et invite les peuples d’Asie à se joindre à lui. De ce fait, dans un premier temps, les Japonais ont parfois été bien reçus et leur discours a pu séduire certains leaders  nationalistes (ainsi l’Indonésien  Sukarno) . De même, la chute de Singapour,(février 1942 a eu en Asie un retentissement comparable à la victoire sur la Russie en 1905. Cependant, d’autres dirigeants nationalistes(les leaders du parti du congrès en Inde, Ho Chi Minh en Indochine, les nationalistes et les communistes chinois sont demeurés fermés aux sirènes japonaises. Rapidement, les brutalités ( en particulier à l’encontre des minorités chinoises de Malaisie et d’Indonésie) et la domination économique japonaise finissent par retourner les populations et les organisations nationalistes.

le déclenchement de l’attaque de Pearl Harbor eu pour effet de faire entrer en guerre les Etats-Unis  contre l’Allemagne, alliée du Japon. Profitant de la priorité accordée par les Etats-Unis au théâtre d’opération européen, l’armée japonaise pu dans un premier temps étendre ses conquêtes. Mais les E.U combattirent bientôt sur les deux fronts                . ainsi la bataille navale de Midway (juin 1942) marqua le premier coup d’arrêt de la conquête japonaise. A partir de septembre 1943,commença la reconquête américaine des îles du Pacifique. Mais les troupes nipponnes combattaient partout avec un héroïsme surhumain voir fanatique (Kamikazes) et au risque de voir la guerre se prolonger, les Américains, en dépit de leur croissante supériorité matérielle, lancèrent des bombes atomiques, une sur Hiroshima (6 août 1945) et une sur Nagasaki (9 août 1945). le 14 août suivant, le Japon demanda la paix, et signa une capitulation sans condition le 2 septembre 1945.

les conséquences pour le Japon furent énormes et 1945 marque à l’évidence une rupture totale de son histoire; Le Japon avait subi au cours de cette guerre de terribles bombardements ; il avait perdu 1 800 000 hommes et se voyait enlever Taiwan et la Mandchourie ( rendues à la Chine),le sud de Sakhaline et les Kouriles (attribuées o l’URSS), ainsi que la Corée. Il  était ramené à ses territoires insulaires du XX°siècle et soumis à une occupation américaine.

 

III-1945 : EFFACEMENT, PUISSANCE ET SECURITE= DU REPLI SUR SOI A UNE PUISSANCE REGIONALE OUVERTE SUR LE MONDE.

 

La défaite introduit dans l’histoire récente du Japon une rupture dont on ne peut nier qu’elles est décisive mais cependant les suites ne peuvent s’expliquer sans la continuité. Si 1945 est pour le Japon “l’année zéro”; vingt ans après avoir régressé au point d’être rangé parmi les pays du Tiers -monde, le Japon retrouve sa place parmi les grandes puissances. Ensuite l’ascension se poursuit : ralentie ou accélérée selon les périodes, jamais arrêtées. Aussi quel est l’impact de la défaite de 1945 sur le rapport au monde du Japon ? Quels sont les éléments du “miracle” japonais ?

 

1° - DE L’ ANNEE ZERO A LA GUERRE DE COREE : DU CHAOS AU RENOUVEAU  TERRITORIAL  (1945-1953) .

 

En 1945, le Japon perd soudain tout ce qu’il avait patiemment obtenu en un peu moins d’un siècle : Son empire colonial, ses années, son prestige de grande puissance, l’égalité juridique . Le Japon perd en effet les colonies qu’il avait conquises depuis la fin

XX°siècle : Taiwan, Corée, les îles du Pacifique et les régions chinoises. C’est un brusque retour à la situation initiale  avec aggravation : archipels, périphériques soustraits à son autorité, une population à nourrir qui a plus que doublé et surtout une souveraineté interne suspendue à un isolement international imposé par l’occupant. On a donc un repli sur soi, sur un territoire du Japon  qui perd sa souveraineté territoriale même dans la mesure où Marc Arthur, commandant des troupes d’occupation au Japon fait office de véritable pro-consul (l’Empereur Hiro Hito n’étant plus qu’un Empereur fantoche). L’épuration menée par les Américains éliminera les dirigeants politiques et militaires des années 30-45, éliminant ainsi toute velléité d’expansion militaire.

cependant, il convient de souligner les paradoxes de cette occupation américaine, paradoxes qui permettent de comprendre en quoi 1945 n’est pas une rupture totale mais surtout en quoi la permanence de certains éléments est à l’origine du miracle  japonais. L’occupation apparaît comme une mise en sommeil de l’Etat japonais qui      demeure en place dans son intégralité - monarchie, gouvernement, parlement administration - à l’exception de son bras militaire. L’unité de son espace territorial traditionnel est maintenu. Même vaincu et occupé, le Japon est encore le plus puissant d’Extrême Orient. Si les connaissances scientifiques et techniques accumulées pendant la guerre n’ont plus servir à changer le résultat, elles sont disponibles pour la reconstruction et prêtes pour une utilisation immédiate des technologies. Ne bénéficient plus de la protection de la souveraineté, sa politique intérieure placée sous contrôle et sa population en contact quotidien avec les forces d’occupation le Japon est paradoxalement plus ouvert aux influences du monde extérieur qu’à aucun autre moment de son histoire. En  fait, il n’a comme interlocuteur  que les Etats-Unis  . Pendant près de sept ans, l’occupation se réduit à un face à face des deux civilisations.

Mais surtout si le Japon ne peut plus décider directement d’une politique étrangère, il est lui-même un enjeu objet de la politique internationale des grands états. Afin d’éviter la renaissance du militarisme nippon, les E.U lui imposèrent une constitution pacifiste dont l’article 9 précise : “Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur l’ordre et la justice , le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation. Il ne fera pas usage de la force armée, et ne menacera pas d’y avoir recours en tant que moyen de règlement des conflits internationaux. Afin d’atteindre ce but, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres , navales ou aériennes ou tout autre potentiel de la guerre. Le droit de belligérance de l’ Etat ne sera pas reconnu”.

CF carte N° 3

 

La guerre de Corée (1950-1953) est une chance historique pour le Japon. Elle réévalue durablement sa position stratégique  car l’archipel devient un véritable “porte-avions” pour les E.U.. Dans la logique du “containment”, ils décidèrent de faire du Japon un bastion du monde libre face à l’URSS , la Chine communiste et la Corée du nord. En 1952, le Japon est même encouragé à constituer des “ forces d’autodéfense”, un embryon d’armée qui ne dit pas son nom. La position géostratégique du Japon en bordure du continent  et de l’océan en fait une base avancée vers le Pacifique et l’Asie pour les E.U.

 

2°- UN FORMIDABLE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE : UN NOUVEL EXPANSIONNISME.

 

Lorsque le Traite de San Francisco met fin en septembre 1962 à l’état de guerre entre le Japon et les E.U, le gouvernement de Tokyo doit prendre en considération les questions de sécurité et de développement économique.

Les Japonais ont tiré la leçon de leur défaite et ils pensent désormais que la  paix en Asie , surtout celle de la route maritime qui leur apporte matières premières et énergie est vitale pour la prospérité du Japon et que la présence de forces militaires japonaises ne peut pas l’assurer. Après la seconde guerre mondiale, les japonais  concentrent toutes leurs forces pour reconstruire l’économie de leur pays ravagé par les bombardements. Le Japon qui était au lendemain de  la guerre, le second emprunteur de capitaux après l’Inde, devint en deux générations à peine , la 2° puissance mondiale. Le Japon est aujourd’hui un géant économique. Il a assez d’importance dans l’économie mondiale pour être comparé aux E.U et à l’Union  européenne avec lesquels il forme la Triade. Sa réussite est d’autant plus paradoxale qu’elle fut réalisée après le désastre de la Seconde guerre mondiale avec une terre minuscule, fragmentée et morcelée par les montagnes et les mers et dépourvues de ressources naturelles et de capitaux .

Les économistes s’interrogent ainsi sur les causes économiques et culturelles de cette énorme réussite, notamment un taux d’épargne très élevé et des investissements importants dans les secteurs clefs, d’abord la mécanique et la sidérurgie, puis la construction navale et l’automobile, enfin l’électronique et la technologie de pointe. Mais il faut aussi tenir compte des causes d’ordre géopolitique.

La présence américaine a contribué à un certain développement économique car selon les Américains pauvreté et démocratie sont incompatibles. L’aide économique américaine a en effet grandi rapidement(produits alimentaires , matières premières).

L’impact de la guerre de Corée sur l’économie japonaise fut considérable. La guerre permet au Japon de bénéficier de transferts de technologies américaines et surtout accéder au marché des E.U. , le plus vaste, le plus riche et le plus dynamique de l’époque. la guerre fut en effet une grande chance pour le Japon car elle conduisit les dirigeants américains à renoncer aux mesures décidées en 1945 pour briser les firmes industrielles japonaises ( les zaibatsu) , et ils leur passèrent d’importantes commandes de façon à pouvoir répondre au besoin du corps expéditionnaire engagé contre les troupes communistes nord-coréenne et “volontaires “ chinoises”

Le Japon continua ensuite de profiter de la guerre froide en dépit de la proximité de l’Union soviétique et la Chine communiste. Grâce au parapluie militaire américain, il n’eut pas à faire de dépenses militaires importantes  et il put consacrer ses investissements aux secteurs économiques à long terme les plus rentables. Alors que les Etats-unis devaient grandement s’endetter de façon à ne pas être distancés dans la course aux armements avec l’Union soviétique et à pouvoir faire face aux dépenses de la guerre du Vietnam, le Japon devint l’un des premiers créanciers des E.U et les firmes japonaises, malgré le protectionnisme américain, profitèrent de cet énorme marché.Un nouvel expansionnisme, économique cette fois ?

très dépendant de l’extérieur pour ses importations de matières premières et d’énergie, le Japon en dépit d’un assez vaste marché intérieur (125 M d’hab .) a fondé son développement sur les exportations et le commerce. Le succès de ses productions automobile et électronique sur les marchés américains lui valent d’être parfois considéré comme un prédateur des autres économies occidentales. Le Japon est devenu le premier créancier du monde et le premier acheteur de bons du trésor américain. La dépendance a fait place à une interdépendance.

 

3°- UNE NOUVELLE ECHELLE : LE MONDE.

 

Le maintien et l’expansion de ce dynamisme économique impose l’ouverture du Japon à la fois sur l’aire continentale et mondiale.

Puissance régionale : le Japon a su exporter ses capitaux et investir là où les coûts de main-d'œuvre étaient moindres : Corée du sud, Asie du sud est vers le continent mais aussi Brésil, Mexique dans son aire trans-pacifique .

Internationalisation de l’économie japonaise dont l’espace de production est devenu planétaire. On fabrique des produits japonais à travers le monde dans des usines implantées à l’étranger.

On a donc une double logique d’expansion économique : d’une part le Japon se trouve  à proximité des pays fortement peuplés et donc de marchés éventuels, où la main d’œuvre disponible est de plus bon marché ; d’autre part le Japon a profité et alimenté le dynamisme de l’aire pacifique.

Le Japon et l’Asie orientale : formation d’une aire régionale. Depuis les années 1990, l’Asie orientale est devenue le premier espace d’accueil des capitaux japonais ( investissements). Le Japon se trouve au centre d’un ensemble économique à forte croissance (NPIA, Corée du sud , Honk-gond, Taiwan et Corée du sud ; pays émergents, bébés tigres, Indonésie, Malaisie, Philippine, est Chine) dont il est l’animateur. Le Japon fait figure de puissance régionale. Par sa population à haut niveau de vie, par son savoir faire international, par sa capacité à créer et vendre de l’image, le Japon impressionne l’Asie orientale. Le Japon doit pourtant supporter deux handicaps majeurs qui limitent son rôle politique. Un lourd contentieux historique (pbme avec Chine, frontière avec Russie, Chine et Corée),le pays peine aussi à se défaire de son image de “fournir de l’Occident”, l’instrument d’une pénétration étrangère hostile.

le Japon et le pacifique : aire trans-pacifique (APEC, coopération économique en Asie Pacifique) ,Japon Chine E.U, Indonésie, Canada 1989. L’importance des échanges  trans-pacifique est le fruit de l’histoire qui a privilégié les liens avec les  EU .

Mais si le Japon est une puissance économique, c’est une puissance incomplète qui souffre d’un déficit d’hégémonie(“nain politique”) cependant le Japon (qui réclame siège au conseil de sécurité de l’O.N.U)  qui a participé à ses côtés à des expéditions de maintien de la paix)  est il à la croisée des chemins? Sa politique extérieure, sa sécurité sont elles à un tournant ? Ces interrogations résultent de l’ampleur des bouleversements survenus dans le monde depuis quelques années ( effondrement du communisme en Europe, état de dislocation de la Russie, succès de l’économie de marché là où persiste en Asie un socialisme autoritaire).

Débat sur la naissance d’un nouvel asiatisme. La position  du Japon dans le monde actuel ne se réduit pas au contraste souvent dénoncé traduit par l’expression “diplomatie économique” entre la recherche de la puissance économique et un effacement diplomatique qui paraît volontaire. Un second contraste s’y ajoute par lequel la civilisation japonaise elle même est mise en cause entre la mondialisation des échanges qui lui permet de s’affirmer et le refus d’une mondialisation des valeurs nécessaires à la sauvegarde de son identité : d’où un débat longtemps ignoré, mais auquel la naissance d’un”nouvel Asiatisme” (Philippe Pons , le monde 3décembre 1994), peut rendre sa véritable dimension.

 

Jacques Gravereau , dans son ouvrage Le  Japon au XX°siècle conclut ainsi : “Le cycle de quarante ans est la marque du Japon moderne. de l’éveil de Meiji à la victoire de Port- Arthur, quarante ans l’ont vu émerger à la face du monde et accomplir un retournement économique et social sans précédent, avec une ambition, celle d’égarer les grandes puissances : son armée a vaincu les Russes en 1905 à la stupéfaction de l’Europe. Au cours des quarante années suivantes, de 1905 à 1945, le Japon a pris une succession de décisions catastrophiques, pensant à tort pouvoir devenir le maître du monde jusqu’à l’apocalypse nucléaire qui l’a terrassé. Pays neuf après 1945,le Japon n’est pas né au monde un jour d’août 1945,mais procède au contraire de fondements anciens. Il conserve la mémoire intime, les réflexes instinctifs des périodes précédentes. le Japon moderne est issu des deux fois quarante ans qui ont précédé sa renaissance et qui éclairent sa singularité. Il y a des continuités tenaces dans l’histoire du Japon.

Concernant le Japon, nous l’avons mis en exergue, les relations internationales sont le moteur de l’histoire au XX° siècle, et ce paradoxalement parce qu’il forme une société ferme orientée vers la sécurité et capable de répondre par la conquête ou l’indifférence aux menaces ,aux protections ou encore aux chances que représente pour lui tour à tour l’environnement international. Bien qu’elle soit soumise à de nombreuses actions sectorielles interdépendantes mais jamais vraiment coordonnées et souvent limitées à des problèmes géographiques  proches, la politique extérieure du Japon reste à l’écoute du monde.

Aussi continuité ou rupture? la question n’appelle pas de réponse tranchée et unilatérale sinon un constat : la volonté de puissance et de sécurité demeurent deux constantes mais les moyens d’atteindre ces objectifs ont évolués et souvent sous l’impulsion des relations internationales vues sous le prisme nippon.  Au japon, le lien de nécessité entre la survie de la nation et l’accroissement de sa puissance relative dans le monde n’a jamais été remis en cause même s’il a pris des orientations et des visages différents.

                                                   

 

DATES -CLEFS.

-1868-1912 : révolution Meiji

-1894 : première guerre  Sino-japonaise

- 1895 : traité de Shimonoseki

-1904-1905 : guerre...

-1910 : annexion de la Corée

-1914 : le japon déclare la guerre à l’Allemagne.

-1915 : mémorandum des “21 demandes”.

-1919 : le Japon obtient les possessions allemandes.

-janvier -Février 1922 : Conférence de Washington.

-1924 : interdiction de l’émigration japonaise aux U.S.A.

-1931 : l’armée contrôle le pouvoir.

-septembre 1931 : Invasion de la Mandchourie.

-1932 : Etat fantoche du Manchoukuo.

-Mars 1933 : le Japon quitte la S.D.N

-Juillet 1937 : Guerre Sino-soviétique.

-Novembre 1936 : pacte antikomintern avec l’Allemagne.

-1939 : le japon maître de la Chine.

-1940 : S’empare de Faets de l’Indochine française.

-7 Décembre 1941 : Pearl Harbor.

-1942 : Apogée de la puissance japonaise dans le pacifique mais début du renversement

            de la tendance après la bataille de Midway.

-Septembre 1943 : Reconquête américaine.

-6 et 9 août 1945 : capitulation sans condition: occupation américaine;

-1ier octobre 1949 : Victoire communiste en Chine.

-1950-1953 : Guerre de Corée.

-septembre 1952 : traité de San Francisco.

-1951 et 1960 : Pactes militaires Nippo-américains.

-195- : Entrée à l’O.N.U.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

-Michel VIE, le japon et le monde au XX° siècle  (Masson 1995).

-Jacques GRAVEREAU, le Japon au XX° siècle (Points histoire, Seuil 1993).

-François JOYAUX, politique extérieure du Japon (P.U.F. Que sais-je? N°2792,1993).

-Fabrice ABBAD, histoire du Japon 1868-1945 (Cursus Armand Colin, 1992).

-Yves LACOSTE, dictionnaire géopolitique.

-LAROUSSE, grand atlas historique.

-Pascal BONIFACE, atlas des relations internationales  (HATIER).

-Philippe PONS, article cité dans le Monde, 3 décembre1994.